Dossier sur la paternité du Nouvel Observateur

Le CFCV regrette la position prise par le Nouvel Observateur dans certains articles de son numéro hors série des mois de décembre, janvier et février 2003, intitulé « L’aventure de la paternité ». […]

« Elle m’accuse d’avoir violé notre fille »…

Le premier est le témoignage d’un père, intitulé « Elle m’accuse d’avoir violé notre fille » (page 34).

Ce témoignage nous oblige à répondre car il nous paraît plein d’insinuations et d’affirmations erronées, comme celle-ci, page 34 : « Faux témoignages, fausses allégations sont monnaie courante pour obtenir la garde de l’enfant ». Ce commentaire est contraire à la réalité. L’Institut des hautes études de la sécurité intérieure a publié en 1997 un rapport intitulé « Violences en famille », qui établit que les accusations d’inceste sont vraies dans 92% à 98% des cas, et que pour les enfants jeunes elles sont vraies dans presque 100% des cas. De nombreuses études américaines donnent le même résultat.

Une affirmation comme celle de l’article porte un discrédit sur les cas réels de dénonciation de viols commis par le père. Ainsi notre association a publié en 2000 une étude nommée « Dénis de justice » * portant sur 94 cas dont nous avons eu connaissance par des appels téléphoniques de mères cherchant à protéger leurs enfants. Cette étude montre que, dans les cas de séparation des parents, les plaintes de mères accusant les pères d’agressions sexuelles ou de viols sur leur enfant, même si elles sont fondées sur des preuves difficilement contestables (certificat médicaux, témoignages de différentes personnes à qui l’enfant a pu parler, etc), aboutissent presque toujours à des classements sans suite, des non lieux ou à des acquittements de l’agresseur. En revanche dans ces mêmes cas les mères risquent souvent la prison (et vont en prison dans un tiers des cas) pour avoir refusé de confier l’enfant à son père agresseur. Et c’est pour protéger l’enfant que certaines mères sont ainsi amenées à se cacher, parfois en quittant la France, pour échapper à une justice qui ne les entend pas.

Mais l’article préfère citer Hubert van Gijseghem, professeur à Montréal qui, dans de nombreuses conférences, a un discours ambigu, décrivant notamment le syndrome d’aliénation parentale, c’est-à-dire la manipulation insidieuse par la mère du psychisme de l’enfant pour l’amener à accuser et rejeter son père.

Cet article s’appuie aussi sur l’association SOS Papa et les autres associations rattachées au Mouvement de la condition paternelle, qui a parfois un discours très violent contre les mères. Sous couvert de discours prônant plus d’égalité entre père et mère, elle défend tous les pères divorcés, au besoin en alléguant les mensonges des enfants victimes de viols incestueux, « manipulés par leur mère », sans prise en compte de la réalité fréquente des viols incestueux, et donc sans condamnation de ceux-ci. Il est important de respecter la parole des enfants ainsi que celle de leur mère. C’est en étant capable d’entendre la réalité des faits, et non pas en la niant systématiquement, que les associations de pères pourraient acquérir plus de crédibilité. De plus il est prouvé que si les pères obtiennent moins souvent que les mères la garde des enfants, c’est lié au fait qu’ils la demandent beaucoup moins souvent.