Retournement d’opinion dans l’affaire du 36 quai des Orfèvres

Alors que les pouvoirs publics avaient réagi vite et bien à la suite d’une plainte pour viols en réunion au siège de la police judiciaire parisienne, 10 jours plus tard, le retournement d’opinion est déjà à l’œuvre contre la victime !

Dans la nuit du mardi 22 au mercredi 23 avril, une touriste canadienne est retrouvée en état de choc par un agent de faction du 36 quai des Orfèvres. Elle parle de viols par quatre policiers dans les locaux de la Brigade de Recherche et d’intervention (BRI).

Entendue et examinée, la plaignante déclare quatre agresseurs, une fellation forcée puis trois pénétrations vaginales et enfin un nouveau viol par l’un d’eux dans un autre bureau. L’état de flagrance et la soustraction de preuves matérielles sont d’ailleurs retenus dans un premier temps par le Parquet.

Dans les 48h, Ministère, Préfet et inspection générale de la police sont mobilisés.

Mais quatre jours après, seuls deux des mis en cause avaient été en garde à vue, un devenait « témoin assisté » et le quatrième… n’était même plus évoqué ! Aucun n’est placé en détention provisoire.

Un dimanche plus tard, des « fuites » sont présentées comme extraites du procès-verbal et sont largement relayées par les médias. Tous chargent la plaignante, dont les mœurs seraient soi-disant douteuses.

Plusieurs glissements nous révoltent :

  • Rappelons qu’en aucun cas les éléments d’une enquête criminelle en cours ne doivent être rendus public. Quelle que soit la source de cette information, elle est illégale et/ou suspecte.
  • Rappelons que c’est une stratégie classique des agresseurs et de leurs soutiens de détourner l’attention en mettant en cause la victime au lieu des suspects. Dans bien des affaires médiatisées, nous avons combattu cette manipulation ! *
  • Rappelons que même dans un contexte inhabituel,
    • C’est une circonstance aggravante d’abuser de l’autorité conférée par ses fonctions,
    • C’est une circonstance aggravante d’agir à plusieurs pour imposer un acte sexuel,
    • C’est une circonstance aggravante d’être sous l’emprise de l’alcool au moment des faits.
Cf. du viol et des circonstances aggravantes, art. 222-24 du code pénal.

Et dans TOUS les cas, les représentants des forces de l’ordre, connaissent parfaitement la loi et ne peuvent s’en affranchir.

En 2014, devons-nous encore lire et entendre qu’une femme, par son comportement, sa tenue ou ses sorties, est responsable des viols subis ? Arrêtons d’inverser systématiquement la situation : si un accusé est innocent jusqu’à preuve du contraire, à fortiori ce n’est pas la victime qui est la coupable !

Le Collectif Féministe Contre le Viol anime la permanence nationale « VIOLS FEMMES INFORMATIONS » 0 800 05 95 95, N° anonyme et gratuit, depuis 1986 et a reçu plus de 46700 victimes de violences sexuelles à ce jour.