Viols en série… Condamnation : 8 ans, incarcération : 6 mois ? Quel est le message ?

Le 20 février 2014, au terme de trois semaines d’audience, la Cour d’assises de Paris a condamné le docteur André Hazout à 8 années de prison pour viols et agressions sexuelles à l’encontre de patientes venues le consulter dans le cadre de protocoles de procréation médicalement assistée. Inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles, il est interdit d’exercice de la médecine.

Trente témoins se sont relayées à la barre pour dénoncer des faits criminels et délictuels, frappés de prescription pour certains d’entre eux. Douloureusement et courageusement, cinq femmes parties civiles ont décrit et relaté la stratégie et les actes de ce médecin, hautement considéré pour son expertise médicale et longtemps protégé par ses pairs.

Six mois à peine se sont écoulés et le condamné dépose une demande de libération conditionnelle. Six mois ! Quel message pour d’autres praticiens qui, dans le secret du dialogue singulier, porteraient atteinte et agresseraient sexuellement des patientes vulnérables qui leur ont fait confiance ? Quel message pour les victimes dont les traumatismes et leurs séquelles perdurent sur des décennies ?

André Hazout n’a pas été incarcéré durant l’instruction. Il comparaissait libre. La durée de sa détention n’excéderait pas un semestre ?

Si une libération conditionnelle était accordée ses conditions doivent avoir la rigueur suffisante pour garantir la sécurité des victimes et prévenir toute autre forme de récidive.

Parmi ces mesures une totale interdiction de travailler permettrait de se prémunir d’une seconde carrière ; carrière de thérapeute ou autre qui mette en relation avec des personnes en demande. L’âge du condamné et sa situation financière l’autorisent. L’interdiction d’entrer en relation avec les plaignantes et témoins à charge s’impose pour garantir leur pleine sécurité. Priver le condamné de passeport fournirait l’assurance au service pénitentiaire que le condamné ne quitte pas le territoire national.

Depuis près de trente ans le Collectif Féministe Contre le Viol dans sa permanence téléphonique Viols-Femmes-Informations 0 800 05 95 95 est à l’écoute des victimes de viol. Elles sont plus de 47 500 à avoir confié leurs souffrances, leurs terreurs, leurs aspirations et leur soif de justice. La condamnation d’un violeur en série, médecin de surcroît, envoie le message que justice peut leur être rendue. Qu’à l’heure de l’exécution de la peine cette justice n’oublie pas de prendre en compte leur juste droit.