A propos de la pénalisation du racolage passif :

A Bordeaux une prostituée a été condamnée à deux mois de prison pour racolage passif.

Si Monsieur Sarkozy veut débarrasser nos trottoirs des personnes prostituées, peut-on lui suggérer de pénaliser les clients plutôt que les personnes prostituées ? Il est vrai qu’il faudrait pour cela une autre loi et un changement de mentalité de la société.

Le Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV), à travers son expérience au numéro vert ViolsFemmes-Informations, constate que beaucoup de prostituées ont subi des viols dans leur enfance ou dans leur adolescence, d’autres ont été prostituées par leur parent dans l’enfance, et toutes subissent des viols quand les proxénètes et leurs auxiliaires les recrutent et les « matent » pour leur apprendre le « métier ». Un certain nombre sont assassinées.

Ce n’est pas par la pénalisation des victimes qu’on parviendra à abolir la prostitution, mais plutôt par la pénalisation des clients et une campagne de prévention pour rappeler que le corps humain n’est pas une marchandise et ne peut faire l’objet d’un commerce, ni de son sexe, ni de son sang, ni de ses organes…

La Suède a donné l’exemple : depuis 1999 l’achat de « services sexuels » est un délit. Cette loi a débarrassé les rues de la prostitution et semble introduire un changement de mentalité. Ceci a été possible non seulement grâce à une campagne de prévention auprès des jeunes mais aussi par un effort important de réinsertion des personnes prostituées.

Si la France ne s’engage pas résolument dans cette voie, l’Europe risque de basculer toute entière dans le « marché du sexe » qui légalisera l’industrie des proxénètes au lieu de les poursuivre, à l’exemple de l’Allemagne avec ses « Eros Center » et des Pays-Bas avec ses « vitrines ».

Paris, le 22 mai 2003