Pour les personnes qui souhaitent témoigner, vous pouvez appeler sur le 0.800.05.95.95, Viols-Femmes-Informations, un numéro national anonyme et gratuit, du lundi au vendredi, de 10h à 19h.
Après un viol, parler c’est commencer à se reconstruire
Communiqué de presse de Vox POP / Diffusion 3 mars 2018
Chaque semaine, Vox Pop enquête sur la société européenne.
Cette semaine, Vox Pop ouvre deux polémiques : la première sur les nouvelles drogues de synthèse, avec une enquête en Allemagne ; la seconde sur le consentement sexuel, avec une invitée : Alexandra Pascalidou, productrice et militante féministe suédoise.
Les nouvelles drogues de synthèse, pour la plupart autorisées, reproduisent les effets de drogues comme la cocaïne, l’héroïne ou le cannabis. Elles sont parfois même beaucoup plus dangereuses. Ces produits chimiques légaux ont déferlé il y a quelques années en Europe et connaissent un succès grandissant. Plus de 600 substances sont aujourd’hui répertoriées dans l’Union. En 2016, l’Europe a adopté une loi pour les criminaliser. Mais peut-elle suffire à arrêter l’engouement pour des produits qui se renouvellent sans cesse ?
Controverse de la semaine : « Il faut interdire toutes ces drogues, tous ces poisons en circulation !», s’inquiètent les Etats européens les plus alarmistes. « Oui mais comment faire ? On détecte une nouvelle substance par semaine ! », modèrent les autres. « Interdire n’empêche pas la consommation, bien au contraire ». Alors, pour ou contre l’interdiction de toutes les drogues de synthèse ?
Enquête de la semaine : Vox Pop a enquêté en Allemagne, un des premiers pays européens à légiférer pour interdire certaines substances psychoactives. Car ces drogues font des ravages chez les jeunes…
En pleine onde de choc sur les affaires de harcèlement et la vague de témoignages #metoo, la Suède légifère sur ce qu’hommes et femmes partagent de plus intime : les relations sexuelles. A partir du 1er juillet 2018, il sera interdit d’avoir un rapport avec une personne qui n’a pas expressément dit oui. Sinon, il sera qualifié de viol. Comment cette loi est-elle accueillie par la population ? Que va-t-elle changer dans les relations hommes/femmes ?
Vox Pop a invité cette semaine la suédoise Alexandra Pascalidou. Cette productrice, journaliste et féministe s’est prononcée pour cette loi « symboliquement très forte ».
Sans oublier notre tour d’Europe des correspondants. Comment nos voisins ont réagi aux affaires de harcèlement ? Et le reportage de John Paul Lepers, avec des juristes suédois, qui pointent les limites de la loi sur le consentement sexuel.
SOMMAIRE en résumé:
L’enquête de la semaine – Allemagne : drogues de synthèse, un combat sans fin ?
L’invité de la semaine – Alexandra Pascalidou, productrice et militante féministe suédoise.
Très rares sont les professionnels et les institutions qui le savent, mais depuis la depuis la loi n°98-468 du 17 juin 1998, les soins consécutifs à des viols et agressions sexuelles commis sur mineur sont pris en charge à 100% par la sécurité sociale. Cela la concerne toutes les conséquences, physiques ou psychologiques. (Article L322-3-15 du Code de la Sécurité Sociale). Pourtant, la procédure est identique à celle requise pour les maladies longue durée, les médecins la connaissent par coeur.
Toute personne, mineure ou majeure, ayant été victime de violences sexuelles dans l’enfance (avant 18 ans), incestueuses ou non, définies par le code pénal : viol et agressions sexuelles. Il n’est pas nécessaire d’avoir porté plainte ou d’avoir un jugement pour en bénéficier.
Qu’est-ce qui est pris en charge ?
Tous les soins remboursés par la sécurité sociale consécutifs aux sévices subis. Il peut s’agir de soins psychologiques mais aussi physiques. C’est au médecin traitant de diagnostiquer les affections liées au traumatisme. Les conséquences sont nombreuses, les médecins ne sont pas toujours formés à faire le lien entre violences subies et affections, il ne faut pas hésiter à tout lui dire.
Comment obtenir cette prise en charge ?
Le médecin traitant rédige la demande de prise en charge à 100 %, pour «soins aux mineurs victimes de sévices sexuels» est faite en utilisant l’imprimé «protocole d’examen spécial S 3501 », en saisissant le code spécifique T74.2. Le médecin conseil prend contact avec le médecin traitant afin d’élaborer conjointement le projet thérapeutique et le suivi médical (Circulaire CNAMTS du 28/12/2001).
Pourquoi est-ce important d’être remboursé(e) ?
Une demande de prise en charge reconnaissant les sévices subis par victime contribue à son rétablissement, facilite la mise en place de soins appropriés, renforce la confiance du patient pour son médecin traitant facilitant ainsi une alliance thérapeutique.
De plus, le système de soin français ne fait pas le lien entre la cause et les conséquences. Etre remboursé(e) suite à des sévices sexuels subis dans l’enfance, permet de reconnaitre la gravité de ce crime dans notre société mais aussi de mettre en évidence son impact sur la santé. Beaucoup de victimes peuvent par exemple être soignées pour dépression mais leur dépression est liée à l’inceste et de cela personne ne parle. Pour que les médecins prennent le réflexe de questionner systématiquement leurs patients sur leurs traumatismes afin dépister les conséquences de ce vécu sur la santé, nous devons parler et parler encore de cette souffrance avec des mots plus qu’avec des maux.
Pour les personnes qui souhaitent témoigner, vous pouvez appeler sur le 0.800.05.95.95, Viols-Femmes-Informations, un numéro national anonyme et gratuit, du lundi au vendredi, de 10h à 19h.
Après un viol, parler c’est commencer à se reconstruire
Tribune de Violette Versaevel et Yasmine Boirie
Pétition à signer ici
Nous sommes deux jeunes filles de 17 ans. Nous ne sommes ni expertes en féminisme ni particulièrement engagées dans la lutte pour les droits des femmes, certainement parce que nous pensions la question révolue depuis le temps qu’on en parle et aussi parce que les dernières révélations en matière de harcèlement nous ont laissé croire que, la parole étant libérée, aucun homme n’oserait plus faire à personne ce qu’on pourrait lui reprocher… Et puis nous avons lu la tribune pour la « liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle »… La lecture en fut douloureuse. Nous nous sommes premièrement demandé pour qui ce fameux droit à être importunée était réclamé. Nous doutons en effet que mesdames de Menthon, Lévy et Deneuve promeuvent ce droit pour elles-mêmes…
Nous comprenons donc assez vite que cette tribune serait une sorte de legs pour nous, les futures usagères des transports en commun. Ainsi donc mesdemoiselles, semblent ainsi nous dire nos 100 mères, vous attend un modèle de société où il faudrait que vous ayez de la compassion pour ces messieurs, jeunes et vieux, qui auraient la délicate attention de se frotter à vous ! Une société dans laquelle nous devrions apprendre à taire, voire à apprécier les agressions que nous subissons (pardon, que nous réclamons) ! Anachronique ? Non, c’est moderne…
Mais on ne veut plus se taire. Nous voulons faire entendre notre voix. Nous voulons que vous, mesdames, prenez conscience de l’ampleur de ce phénomène d’agressions quotidiennes que vous qualifiez de nécessaires. Le traumatisme d’un attouchement ou d’un viol est réel et certaines d’entre nous (qui prenons certainement plus souvent les transports en commun que vous) sont là pour en témoigner. Certaines jeunes filles nous ont envoyé des témoignages de harcèlement moral qu’elles ont vécu dès le plus jeune âge, d’autres d’attouchements dans le métro dès 8 heures du matin, sous le sac à dos, d’autre encore de l’oppression qu’elles ont subi sur leur lieu de stage ou de formation. A lire tous ces témoignages, nous avons compris que, au-delà de cette « tribune des 100 », il existe un mépris bien plus ancré dans notre société de celles qui défendent le droit des femmes à être libres et respectées, celles qu’on appelle les « féministes » parce qu’elles sont des femmes et qu’elles refusent de se cacher.
Nous sommes les futures femmes de cette société
Nous ne sommes en effet pas les filles de Simone de Beauvoir, nous n’avons ni lu ni étudié l’histoire du féminisme ; nous n’avons aucune référence ni lettre de recommandation de « sommités » mais nous, nous sommes les futures femmes de cette société et nous refusons le modèle que vous nous présentez.
Plus encore, nous refusons votre modèle d’éducation. Nous ne sommes pas à la recherche ni de la protection ni de la « virilité ». La protection, nous voulons nous l’assurer quand nous nous levons tous les matins pour aller étudier ou que nous rentrons tard de soirée. Nous la voulons également sur notre futur lieu de travail et plus globalement dans notre société, où nous attendent inégalités salariales, plafond de verre, choix imposés entre carrière et famille… problèmes toujours pas réglés et qui s’ajoutent d’ores et déjà à une confiance en soi en moyenne inférieure à nos camarades de classe masculins. A qui la faute ? Aux féministes « embourgeoisées » ou à la vision, que vous contribuez à disséminer, de la femme désirable et désirée ?
Si nous voulons plaire parfois, nous voulons également travailler et être prises au sérieux. Nous voulons être payées comme les hommes voire plus quand c’est mérité. Et nous voulons pouvoir marcher dans la rue sans avoir à redouter notre « Dom Juan maladroit » qui se frotterait contre notre jean ou notre jupe, qui nous « volerait » un baiser ou pire, nous forcerait à aboutir à des rapports non consentis.
Voilà ce qu’est notre vision des droits nécessaires à notre liberté, à nous, les futures femmes de la société.
Appel à témoin de l’AIVI (Association internationale des victimes de l’inceste) à voir sur le site de l’association.
L’Association Internationale des Victimes d’Inceste, en collaboration avec SOS Les Mamans, lance une nouvelle enquête sur les Parents Protecteurs.
L’AIVI prépare un Dossier Expert destiné à aider les parents protecteurs, c’est à dire les parents dont un enfant mineur (de 0 à 18 ans) a subi un viol ou une agression sexuelle, et qui ont cherché à le protéger. Ce guide aidera nos adhérents dans leurs démarches : police, justice, soins …
Ce document offrira une compilation d’informations pratiques étayées par des témoignages concrets d’adhérents ayant été confrontés à ces situations.
Votre expérience de parent protecteur est susceptible d’aider grandement d’autres parents en leur facilitant contacts et démarches pour leur éviter des pièges qui peuvent être dramatiques (il arrive même que l’enfant agressé soit confié par la justice à son parent agresseur !).
Par ailleurs les données quantitatives et qualitatives obtenues lors de notre enquête seront compilées sous la forme d’une étude publiquement disponible et qui pourra orienter nos actions militantes devant le Parlement (pour changer la loi) ou le Gouvernement (pour réformer la protection de l’enfance et le fonctionnement de l’institution judiciaire).
Notre but est simple: protéger les enfants contre les agressions sexuelles intra-familiales. Et c’est pourquoi nous avons besoin de votre aide.
Toutes les parents dont un enfant a subi des agressions sexuelles intra-familiales et qui ont agi pour chercher à le protéger sont éligibles pour participer à l’enquête.
Afin de participer, il faut au préalable vous enregistrer sur le site AIVI. C’est une mesure technique destinée à garantir la qualité des données et à éviter le spam ou le vandalisme de ce questionnaire.
Cette inscription est gratuite, nous respectons votre vie privée, nous n’envoyons aucun email (sauf si vous vous inscrivez explicitement à la newsletter de l’AIVI), et nous ne partageons vos données personnelles en aucun cas.
En répondant au questionnaire, vous acceptez que tout ou partie de votre témoignage soit utilisé pour la rédaction du Dossier Expert et de l’Etude de l’AIVI. Pour mémoire ce guide est réalisé par des personnes bénévoles dans le seul but de favoriser l’entraide entre victimes de pédo-criminalité.
Un grand MERCI pour votre précieuse contribution !