Pour les personnes qui souhaitent témoigner, vous pouvez appeler sur le 0.800.05.95.95, Viols-Femmes-Informations, un numéro national anonyme et gratuit, du lundi au vendredi, de 10h à 19h.
Après un viol, parler c’est commencer à se reconstruire
Lire aussi :
2) Réponses aux critiques.
3) Réponses au communiqué de l’Ordre.
Le Serment d’Hippocrate comportait dans sa version historique un paragraphe important :
Dans quelque maison que j’entre, j’y entrerai pour l’utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire et corrupteur, et surtout de la séduction des femmes et des garçons, libres ou esclaves.
Cet interdit a disparu de sa version actualisée, prêtée par tous les futurs médecins lors de la soutenance leur thèse. De même, le Code de Déontologie médicale, juridiquement opposable aux médecins car intégré dans le Code de la Santé Publique, ne comporte aucun interdit explicite concernant la sexualité médecin/patient.
Pourtant les transgressions ne sont pas rares, et les témoignages des victimes sont poignants (Marie, Cassandre, Ariane).
En cas de poursuites, les médecins abuseurs s’appuient sur ce vide juridique pour échapper aux sanctions
Faute d’un support légal, les plaintes des victimes auprès de l’Ordre des médecins aboutissent trop souvent à des relaxes, à des sanctions symboliques, voire à la culpabilisation des patients ! (qui sont dans leur grande majorité des patientes). Les victimes en sortent doublement brisées : à la fois par la toxicité d’une relation dont les mécanismes s’apparentent à ceux de l’inceste, et par la responsabilité qu’on leur fait porter dans cette cette relation, alors qu’il s’agit d’un abus de faiblesse aggravé par un abus d’autorité.
Freud a parfaitement décrit en quelques pages et dans un langage très simple, les mécanismes du transfert et du contre-transfert amoureux qui doivent conduire le médecin à s’interdire toute forme de sexualité avec ses patient(e)s, quels que soient ses sentiments, leurs déclarations ou l’interprétation qu’il en aurait faite.
Pour protéger les patient(e)s, mais aussi les médecins peu ou pas formés à ces risques, nous demandons à la Ministre de la Santé de publier un décret permettant l’ajout d’un article spécifique au Code de Déontologie Médicale. Son libellé (au masculin neutre comme pour les autres articles du Code) pourrait être le suivant :
« Le médecin doit s’interdire toute relation sexuelle avec les patients dont il a la charge ».
Le Conseil de l’Ordre devrait logiquement soutenir cette demande. Il pourra , préciser dans ses commentaires les conditions permettant de libérer le médecin de cet interdit, par exemple lorsque cette prise en charge est déléguée à un confrère.
Il ne s’agit pas de jeter l’opprobre sur une profession dont les membres sont dans leur immense majorité respectueux de leurs patients, mais de se donner les moyens de sanctionner une infime minorité de prédateurs sexuels.
Dr Christophe André, site web, Psychiatre.
Pénélope Bagieu, site web, Autrice de bande dessinée.
Marilyn Baldeck, site web Déléguée générale de Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail.
Dr Baptiste Beaulieu, site web, Médecin généraliste et romancier.
Dr Alain Beaupin, Médecin généraliste. Président de l’Union Confédérale des Médecins Salariés.
Dr Dominique Dupagne, site web, Médecin généraliste, créateur du site atoute.org.
Sylvie Fainzang, site web, Anthropologue, directrice de recherche à l’Inserm.
Dr Irène Frachon, Médecin pneumologue à Brest.
Dr Jean-Paul Hamon, Président de la Fédération des Médecins de France (FMF).
Dr Gilles Lazimi, site web, Médecin généraliste , maître de conférences associé de la faculté de Médecine Sorbonne Université et membre du Haut Conseil à l’Égalite entre les Femmes et les Hommes.
Dr Gérard Lopez, site web, Fondateur et président de l’Institut de Victimologie de Paris.
Pr Anne-Marie Magnier, Médecin généraliste, professeur à la faculté de Médecine Sorbonne Université.
Dre Emmanuelle Piet, site web, Présidente du Collectif Féministe Contre le Viol.
Le Planning Familial de Paris, site web.
Dre Muriel Salmona, site web, Psychiatre, fondatrice et présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie.
Jacques Testart, site web, Biologiste, docteur en sciences, directeur de recherche honoraire à l’Inserm.
Vous pouvez vous aussi soutenir cette demande en ajoutant votre nom, votre fonction et un éventuel message à l’aide du formulaire ci-dessous (votre email servira uniquement à valider votre signature et ne sera pas conservé)
Si vous souhaitez en débattre, le forum sous cet article est à votre disposition. Il recense de nombreux documents permettant d’approfondir la réflexion.
Si vous avez été victime de l’emprise d’un médecin, et que vous souhaitez en parler, vous trouverez du soutien sur ce forum ou d’autres victimes témoignent depuis plus de dix ans de leur difficulté à se reconstruire après ce traumatisme.
Depuis la publication de cette pétition, deux nouveaux articles ont été publiés : une réponse aux critiques et une autre au communiqué de l’Ordre des médecins.
Bonjour, dans le cadre d’une soirée spéciale consacrée aux victimes de viols, nous aimerions vous donner la possibilité de vous exprimer, contactez-moi afin que nous en parlions ensemble à caroline.durand@francetv.fr
Pour les personnes qui souhaitent témoigner, vous pouvez appeler sur le 0.800.05.95.95, Viols-Femmes-Informations, un numéro national anonyme et gratuit, du lundi au vendredi, de 10h à 19h.
Après un viol, parler c’est commencer à se reconstruire
Communiqué de presse de Vox POP / Diffusion 3 mars 2018
Chaque semaine, Vox Pop enquête sur la société européenne.
Cette semaine, Vox Pop ouvre deux polémiques : la première sur les nouvelles drogues de synthèse, avec une enquête en Allemagne ; la seconde sur le consentement sexuel, avec une invitée : Alexandra Pascalidou, productrice et militante féministe suédoise.
Les nouvelles drogues de synthèse, pour la plupart autorisées, reproduisent les effets de drogues comme la cocaïne, l’héroïne ou le cannabis. Elles sont parfois même beaucoup plus dangereuses. Ces produits chimiques légaux ont déferlé il y a quelques années en Europe et connaissent un succès grandissant. Plus de 600 substances sont aujourd’hui répertoriées dans l’Union. En 2016, l’Europe a adopté une loi pour les criminaliser. Mais peut-elle suffire à arrêter l’engouement pour des produits qui se renouvellent sans cesse ?
Controverse de la semaine : « Il faut interdire toutes ces drogues, tous ces poisons en circulation !», s’inquiètent les Etats européens les plus alarmistes. « Oui mais comment faire ? On détecte une nouvelle substance par semaine ! », modèrent les autres. « Interdire n’empêche pas la consommation, bien au contraire ». Alors, pour ou contre l’interdiction de toutes les drogues de synthèse ?
Enquête de la semaine : Vox Pop a enquêté en Allemagne, un des premiers pays européens à légiférer pour interdire certaines substances psychoactives. Car ces drogues font des ravages chez les jeunes…
En pleine onde de choc sur les affaires de harcèlement et la vague de témoignages #metoo, la Suède légifère sur ce qu’hommes et femmes partagent de plus intime : les relations sexuelles. A partir du 1er juillet 2018, il sera interdit d’avoir un rapport avec une personne qui n’a pas expressément dit oui. Sinon, il sera qualifié de viol. Comment cette loi est-elle accueillie par la population ? Que va-t-elle changer dans les relations hommes/femmes ?
Vox Pop a invité cette semaine la suédoise Alexandra Pascalidou. Cette productrice, journaliste et féministe s’est prononcée pour cette loi « symboliquement très forte ».
Sans oublier notre tour d’Europe des correspondants. Comment nos voisins ont réagi aux affaires de harcèlement ? Et le reportage de John Paul Lepers, avec des juristes suédois, qui pointent les limites de la loi sur le consentement sexuel.
SOMMAIRE en résumé:
L’enquête de la semaine – Allemagne : drogues de synthèse, un combat sans fin ?
L’invité de la semaine – Alexandra Pascalidou, productrice et militante féministe suédoise.
Très rares sont les professionnels et les institutions qui le savent, mais depuis la depuis la loi n°98-468 du 17 juin 1998, les soins consécutifs à des viols et agressions sexuelles commis sur mineur sont pris en charge à 100% par la sécurité sociale. Cela la concerne toutes les conséquences, physiques ou psychologiques. (Article L322-3-15 du Code de la Sécurité Sociale). Pourtant, la procédure est identique à celle requise pour les maladies longue durée, les médecins la connaissent par coeur.
Toute personne, mineure ou majeure, ayant été victime de violences sexuelles dans l’enfance (avant 18 ans), incestueuses ou non, définies par le code pénal : viol et agressions sexuelles. Il n’est pas nécessaire d’avoir porté plainte ou d’avoir un jugement pour en bénéficier.
Qu’est-ce qui est pris en charge ?
Tous les soins remboursés par la sécurité sociale consécutifs aux sévices subis. Il peut s’agir de soins psychologiques mais aussi physiques. C’est au médecin traitant de diagnostiquer les affections liées au traumatisme. Les conséquences sont nombreuses, les médecins ne sont pas toujours formés à faire le lien entre violences subies et affections, il ne faut pas hésiter à tout lui dire.
Comment obtenir cette prise en charge ?
Le médecin traitant rédige la demande de prise en charge à 100 %, pour «soins aux mineurs victimes de sévices sexuels» est faite en utilisant l’imprimé «protocole d’examen spécial S 3501 », en saisissant le code spécifique T74.2. Le médecin conseil prend contact avec le médecin traitant afin d’élaborer conjointement le projet thérapeutique et le suivi médical (Circulaire CNAMTS du 28/12/2001).
Pourquoi est-ce important d’être remboursé(e) ?
Une demande de prise en charge reconnaissant les sévices subis par victime contribue à son rétablissement, facilite la mise en place de soins appropriés, renforce la confiance du patient pour son médecin traitant facilitant ainsi une alliance thérapeutique.
De plus, le système de soin français ne fait pas le lien entre la cause et les conséquences. Etre remboursé(e) suite à des sévices sexuels subis dans l’enfance, permet de reconnaitre la gravité de ce crime dans notre société mais aussi de mettre en évidence son impact sur la santé. Beaucoup de victimes peuvent par exemple être soignées pour dépression mais leur dépression est liée à l’inceste et de cela personne ne parle. Pour que les médecins prennent le réflexe de questionner systématiquement leurs patients sur leurs traumatismes afin dépister les conséquences de ce vécu sur la santé, nous devons parler et parler encore de cette souffrance avec des mots plus qu’avec des maux.