10 idées reçues sur l’introduction du consentement dans la définition légale du viol

Collectif abolition

Depuis plusieurs mois, la question de l’introduction du consentement dans la définition pénale du viol agite le débat public. Les documents “10 idées reçues sur l’introduction du consentement dans la définition légale du viol” (version longue et synthèse) rassemblent des réponses aux arguments avancés en faveur de cette introduction et souvent entendus. Le document suivant les résume.

 

Synthèse du document

Idée reçue n°1 : “Un viol se définit comme un rapport sexuel non consenti”
Faux ! Cette définition est très insuffisante. Le viol est une violence sexuelle qui consiste à imposer à autrui une pénétration sexuelle ou un acte bucco-génital. Juridiquement, le viol est un crime et est caractérisé par les moyens employés par l’auteur des faits pour imposer l’acte sexuel à sa victime, et non par le consentement ou l’absence de consentement de cette dernière.

La notion de consentement, floue, polysémique et héritée du droit civil, doit être laissée en-dehors de la définition pénale du viol et de l’agression sexuelle. C’est d’autant plus important que dans un contexte inégalitaire, le consentement n’est bien souvent qu’un acte de soumission à une domination, plutôt que l’expression d’une volonté libre.

Idée reçue n°2 : “Sans la notion de consentement, la loi française ne permet pas de punir tous les viols et agressions sexuelles”
Faux ! Les syndicats de magistrat.es sont unanimes : la législation actuelle permet déjà de recouvrir les différents cas de figure de viol et d’agression sexuelle. La jurisprudence de la Cour de Cassation atteste que la loi française permet d’ores et déjà de condamner les faits suivants :
● Les violences sexuelles commises en abusant d’un statut d’autorité ou d’un rapport de pouvoir, sans commettre de violences ou de menaces explicites;
● Celles dont la victime est dans une situation de vulnérabilité particulière (handicap, troubles psychologiques, victime inconsciente, sous hypnose,
endormie, droguée ou alcoolisée…);
● Celles au cours desquelles la victime était en état de sidération;
● Celles commises dans le cadre d’un processus visant à mettre la victime dans un état d’emprise psychologique.

Idée reçue n°3 : “La loi française actuelle entraîne une présomption de consentement des victimes”
Faux ! La prétendue “présomption de consentement” ne provient pas du code pénal (qui s’intéresse uniquement aux actes de l’auteur), mais des acteurs et actrices judiciaires (personnels de police et de gendarmerie, magistrat.es, expert.es, jurys d’assises…) qui sont focalisés sur le comportement de la victime avant, pendant et après les faits – y compris sur son éventuel consentement aux actes qu’elle dénonce. Cette focalisation sur la victime est le produit de la culture du viol qui pousse à toujours faire peser une suspicion de sexualité sur des actes qui relèvent d’un tout autre champ, celui de la
violence.

Idée reçue n°4 : “L’introduction du consentement va améliorer le traitement judiciaire des violences sexuelles”
Faux ! L’impunité dont bénéficient les auteurs d’infractions sexuelles et les dysfonctionnements auxquels sont confrontées les victimes lors de leur parcours judiciaire ne proviennent pas de la définition juridique de ces infractions. Le traitement judiciaire des viols s’est d’ailleurs dégradé depuis une vingtaine d’années en France, alors même que la loi a connu des améliorations durant cette période. Les différents syndicats de magistrat.es s’accordent à dire qu’introduire la notion de consentement dans la loi ne changera ni les pratiques d’enquête, ni le déroulement des procès. Les leviers à mobiliser en priorité pour s’attaquer à ces problèmes sont les moyens alloués à la Justice et les décisions de politique pénale.

Idée reçue n°5 : “Dans les pays dont la loi intègre le consentement, le traitement judiciaire des violences sexuelles s’est amélioré”
Faux ! Dans les pays où la définition légale est centrée sur l’absence de consentement, le traitement judiciaire n’est pas meilleur qu’en France : le taux de plaintes y est faible, tout comme le pourcentage d’affaires connues de la police qui parviennent jusqu’aux tribunaux. Le pourcentage de condamnations y est bien souvent inférieur à celui de la France. La prévalence des attitudes sexistes dans les commissariats de police et les tribunaux y est régulièrement dénoncée, comme en France.

Idée reçue n°6 : “La charge de la preuve sera inversée : ce sera à l’accusé de prouver qu’il s’est assuré du consentement”
Faux ! Cela supposerait d’aller à l’encontre d’un principe fondamental de la procédure judiciaire, celui de la présomption d’innocence. Dans notre système judiciaire, la charge de la preuve incombe à la partie poursuivante, c’est-à-dire le ministère public. Ce principe continuerait à s’appliquer aux infractions sexuelles même si ces dernières étaient redéfinies autour de l’absence de consentement.

Idée reçue n°7 : “Introduire le consentement dans la définition du viol est sans risque juridique”
Faux ! Nous avons identifié plusieurs risques inhérents à cette proposition de réforme, notamment :
● Le risque d’empêcher la condamnation future de certains faits qui sont englobés dans la législation actuelle. Ce risque dépend étroitement de la rédaction de la nouvelle loi, et pour l’instant, les différents textes déposés à l’Assemblée nationale et au Sénat ne permettent pas de s’en prémunir, bien au contraire;
● Le risque d’accentuer la focalisation sur le comportement de la victime lors de la procédure judiciaire;
● Le risque de fragiliser la lutte contre certaines violences sexistes et sexuelles comme la prostitution, le proxénétisme et la GPA.

Idée reçue n°8 : “Introduire le consentement dans la loi permettra à plus de victimes de se reconnaître et de porter plainte”
Faux ! Les raisons de ne pas signaler des violences aux forces de l’ordre sont nombreuses, à commencer par la stratégie de l’agresseur, qui cherche par différents moyens à imposer le silence à la victime. Dans les pays où la définition du viol est centrée sur l’absence de consentement, les victimes ne sont pas plus nombreuses qu’en France à signaler les faits. Et les raisons de cette non-dénonciation y sont les mêmes : peur des représailles, minimisation des violences subies, manque de confiance en l’institution judiciaire…

Idée reçue n°9 : “La France doit réécrire sa loi pour se conformer à la Convention d’Istanbul”
Faux ! Cette convention du Conseil de l’Europe, ratifiée par la France en 2014, impose aux Etats signataires d’ériger en infraction pénale les actes sexuels “non consentis”. Mais le rapport explicatif de la Convention précise que les parties peuvent “décider de la formulation exacte de la législation et des facteurs considérés comme exclusifs d’un consentement libre.” En France, ce sont les éléments de violence, contrainte, menace et surprise qui permettent d’exclure le consentement libre, comme l’atteste la jurisprudence et comme l’a défendu le Gouvernement pendant plusieurs années dans ses échanges avec le GREVIO.

Idée reçue n°10 : “Cette réforme serait une avancée féministe”
Faux ! La pensée féministe développe depuis très longtemps une analyse critique de la notion de consentement. Dans le domaine du droit, des femmes comme Gisèle Halimi se sont battues pour que le viol ne soit plus défini par l’absence de consentement, mais par les actes de l’agresseur. De nombreuses voix féministes s’élèvent aujourd’hui contre cette proposition de réécriture de la loi qui constituerait une véritable régression dans la lutte contre les violences à l’encontre des femmes.

Violences Sexuelles dans l’Enfance

Vous avez été victime de violences sexuelles dans l’enfance
Vous vous posez des questions sur ce que vous avez vécu
Vous voulez aider une personne de votre entourage
Vous cherchez des conseils en tant que professionnel-le

Appelez le 0 805 802 804
Du lundi au vendredi, de 10h à 19h

Viols-Femmes-Informations

Vous avez été victime de violences sexuelles
Vous vous posez des questions sur ce que vous avez vécu
Vous voulez aider une personne de votre entourage
Vous cherchez des conseils en tant que professionnel-le

Appelez le 0 800 05 95 95
Du lundi au vendredi, de 10h à 19h

Pour les questions administratives

Appelez le 01 45 82 73 00

Mentions Légales

Politique de Confidentialité

Effacer les traces de votre passage

Si vous êtes victime de violences, nous vous conseillons de vous connectez en navigation privée.

Vous pouvez aussi effacer les traces de votre passage sur ce site.
Aller dans « Outils« 
Aller dans « Options Internet« 
Cliquer sur :
– « Supprimer les fichiers« 
– « Supprimer les cookies« 
– « Effacer l’historique« 

Contribution du CFCV à la consultation de l’ONU sur « Le concept de consentement en relation avec la violence à l’encontre des femmes et des filles »

Collectif abolition

Paris, le 27 janvier 2025

Le Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV) a été fondé en France en 1985. Sa mission principale est d’accompagner toute victime de viol et d’agressions sexuelles, à travers la plateforme d’écoute nationale gratuite “Viols Femmes Informations – 0 800 05 95 95”. Depuis 2021, en partenariat avec la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE), le CFCV gère également une seconde ligne d’écoute spécialisée sur les violences sexuelles subies dans l’enfance  “Violences Sexuelles dans l’Enfance – 0 805 802 804”.

Plus de 80 000 témoignages de victimes ont ainsi été recueillis par les écoutantes spécialisées du CFCV depuis 1986.

En plus de l’écoute, le CFCV organise également des groupes de parole pour les victimes et accompagne judiciairement certaines d’entre elles. Il est agréé pour dispenser des formations sur les violences sexuelles à différents publics : travailleurs sociaux, forces de police, professionnels du soin.

 

1.      Le consentement pour définir les violences sexuelles : un débat qui divise les féministes françaises

 

Depuis longtemps, les féministes de France partagent un certain nombre de constats sur le traitement judiciaire des violences sexuelles dans notre pays :

  • Il y a tout d’abord l’impunité presque totale dont bénéficient les violeurs. Parmi les faits de viols traités par les forces de l’ordre, seuls 14% vont devant les juridictions. Le taux de classement sans suite est donc faramineux : 86% environ pour l’ensemble des violences sexuelles signalées.
  • A cela, il faut ajouter que la grande majorité des faits de violence sexuelle restent en-dehors des radars, car ils ne sont pas signalés aux forces de l’ordre : seules 6% environ des victimes de viol, agression sexuelle ou tentative déclarent les faits à la police ou à la gendarmerie. Au total, si l’on prend en compte l’ensemble des viols déclarés dans les enquêtes de victimation, on estime que moins de 1% des violeurs sont condamnés.
  • Enfin, les procédures judiciaires sont longues, coûteuses et très difficiles à vivre pour les victimes.

Face à ces constats, une idée se fait entendre de plus en plus fort en France, en particulier depuis le débat autour de l’inclusion du viol dans la directive européenne sur le violences faites aux femmes en 2023 : introduire la notion de consentement dans la définition pénale du viol et de l’agression sexuelle, afin de contribuer à remédier à ces problèmes.

Le code pénal français ne fait aucune référence au consentement ou plus largement aux comportements de la victime d’une agression sexuelle ou d’un viol. Les articles 222-22 et 222-23 du code pénal sont entièrement focalisés sur les agissements de l’auteur : le viol est un acte de pénétration sexuelle ou un acte bucco-génital imposé par violence, contrainte, menace ou surprise.

Pour un certain nombre de féministes, il convient de changer cette définition afin de la baser sur la notion de consentement. Le CFCV, comme d’autres associations féministes et d’associations accompagnant les victimes de violences sexistes et sexuelles, estime au contraire que cette idée est dangereuse.

L’expertise du CFCV sur les violences sexuelles, les stratégies mises en place par les agresseurs pour commettre leurs violences et assurer leur impunité, et les difficultés rencontrées par les victimes lors de leur éventuel parcours judiciaire, nous a amenées à nous opposer fermement à cette proposition de réforme. Dès la fin 2023, nous avons alerté dans un communiqué de presse sur les problèmes que pose cette évolution du droit.

2.      Définir les violences sexuelles par l’absence de consentement : une proposition qui contribue à véhiculer les mythes sur les violences sexuelles

 

Dans la société inégalitaire qui est la nôtre, dans laquelle les femmes et les filles sont massivement victimes de violences commises par les hommes, le consentement est une notion piège pour les femmes.

En France comme ailleurs, les violences sexuelles sont massivement commises par des hommes, contre des femmes et des enfants. Elles sont grandement facilitées par le contexte de domination sociale et politique des hommes sur les femmes et des adultes sur les enfants.

 

Les viols sont donc toujours commis dans un contexte d’inégalité, du fait, par exemple, du sexe de l’auteur et de la victime, de leur différence d’âge, de statut social, de ressources, de capacités physiques… De nombreux viols sont même commis dans un contexte de dépendance de la victime envers le violeur : dépendance économique (relation de travail mais aussi maritale), dépendance affective (situations d’inceste, relation conjugale. 

Dans ce contexte, rien n’est plus facile pour de nombreux violeurs que d’extorquer son consentement à la victime. En effet, pour contraindre la victime à dire “oui”, il suffit qu’elle pense qu’elle n’a pas le choix : “c’est ça ou je vais mourir”, “c’est ça ou il va de nouveau être violent”, “c’est ça ou il ne me lâchera pas jusqu’à ce que je cède”,”c’est ça ou il va me quitter”, “c’est ça ou je vais me retrouver à la rue avec mes enfants”, “c’est ça ou je vais perdre mon emploi, ma réputation”… Extorquer le consentement de la victime fait partie intégrante de la stratégie des violeurs, car c’est un moyen efficace de convaincre la victime qu’elle est en partie responsable des violences, et donc de l’empêcher de les dénoncer. C’est ce qu’on appelle l’inversion de la culpabilité. Si la victime se croit et est dite consentante, le crime est effacé.

Autrement dit : Le consentement fait partie intégrante de la stratégie de nombreux agresseurs !

Lorsqu’un viol est commis : l’agresseur a ciblé la victime, il sait qui il va violer et comment. Il agit dans un contexte vulnérabilisant pour elle, propice pour lui. Il l’humilie, la dévalorise, la traite comme un objet. Le climat est celui de la terreur, aucune proposition ne peut être acceptée sous terreur. Il agit quand la victime a peur, est sidérée, n’a plus d’espace. Il viole une ou plusieurs fois en s’organisant pour le faire. Pour garantir son impunité, il inverse les rôles : c’est lui la victime, il n’a pas compris – elle était consentante. Il lui demande de se taire, de ne plus en parler. Dans bien des cas, il continuera de la menacer, l’intimider, l’humilier pour qu’elle se taise.

Souvent, l’agresseur va obtenir de la victime un “oui” sous contrainte pour lui marteler par la suite qu’elle est responsable de la situation.

L’agresseur est en général quelqu’un que la victime connaît.

De nombreuses victimes qui appellent le CFCV ne sont pas certaines que la situation qu’elles ont vécue est un viol. Elles ont intériorisé le discours de l’agresseur qui les rend coupable.

Prétendre introduire la notion de consentement dans la définition du viol place d’emblée celui ci sur le terrain de la sexualité : on demande, de multiples façons, à sa ou son partenaire si elle ou il est d’accord, ou pas.

Or, la parole des victimes nous l’apprend, ce n’est pas cela qui se passe : le consentement de sa victime n’est pas le problème du violeur. Le viol n’est pas une relation sexuelle non consentie, c’est un acte de prédation, de prise de pouvoir. La jouissance du violeur provient du pouvoir qu’il exerce.

 

3.      La place du consentement dans les procédures judiciaires : une notion omniprésente et problématique

 

Le terme « consentement » n’est pas dans la définition française du viol. 

Dans le traitement pénal des viols, la question du consentement de la victime est toujours abordée. La notion n’est nulle part en droit mais l’idée est déjà partout. Le possible consentement de la victime à la situation est automatiquement mis en avant par les enquêteurs et par la Justice : « Qu’a-t-elle fait ? » « Que n’a t-elle pas fait ? » « Où était-elle ? », « Qu’a-t-elle dit ? », « Que n’a-t-elle pas dit ? ». Découlent de ces questionnements, la possible « erreur d’interprétation de l’agresseur », et l’« incompréhension de la situation ». Finalement, de ces questions à la victime découle l’impunité de l’agresseur.

L’attitude de la victime est examinée dans les moindres détails. Les paroles qu’elle a prononcées, ou pas, la façon dont elle a agi, ou pas. Et tout le monde s’efforcera de déduire de cette attitude la présence ou l’absence d’un consentement à l’acte sexuel. Et donc la réalité ou pas d’un fait de violence. Tout cela selon les propres idées des protagonistes basées, bien souvent sur des sentiments, préjugés, vérités, et projections personnels. Manque là une réelle connaissance adossée à une expérience tangible et scientifique.

 

Nous étions contactées par Charlotte, victime de viol par un de ses collègues de travail. Elle avait déposé plainte. Les policiers lui ont demandé pourquoi elle “ne dénonçait l’agresseur qu’au bout de trois viols ? ”. Les policiers lui ont finalement dit qu’elle était consentante et que c’était une vengeance parce qu’il l’avait larguée. En 2023, nous recevons toujours des témoignages similaires de victimes sur nos lignes.

Les dysfonctionnements graves auxquels elles sont confrontées après un dépôt de plainte découlent des questions posées sur leur consentement à la situation et portent finalement atteinte à leur sécurité et leur intégrité physique. La mise en doute, la minimisation voire la négation de leur parole, et de leur souffrance dans les enquêtes pénales ont pour conséquences la dramatique absence de protection des victimes et de condamnation des agresseurs.

L’attitude de l’agresseur, sa stratégie ne seront jamais scrutées de la sorte. Pourtant, c’est bien lui qui a décidé de violer ; et c’est bien son comportement à lui que le code pénal impose d’examiner, à travers les actes de contrainte, violence, menace ou surprise.

Le violeur, lui, quand il ne peut nier la commission d’un « acte sexuel », joue sur cette obsession de la justice et dira toujours que la victime était consentante. Ou il prétendra ne pas avoir pu comprendre qu’elle n’était pas consentante, même dans les circonstances les mieux établies (preuves vidéos, médicales, etc).

Cette focalisation sur le comportement de la victime et les dysfonctionnements graves de la Justice qui y sont associés seraient lourdement aggravés si la notion de « non-consentement » venait modifier l’actuelle définition pénale du viol

La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a déjà condamné un État membre en 2021, l’Italie, pour violation de l’article 8 de la Convention Européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme (respect de la vie privée) en l’espèce la CEDH a estimé que la juridiction nationale avait porté atteinte au respect de la vie privée de la victime en faisant référence à ses pratiques sexuelles et ses comportements au cours des débats.

Questionner le comportement de la victime (pour savoir si elle a ou n’a pas consenti à la situation) dans la définition légale est une porte grande ouverte à ces dérives déjà existantes dans notre société où le pouvoir du mâle a de beaux restes. 

Ce paradigme du consentement pour penser et juger les violences sexuelles est présenté comme un progrès féministe, mais il renforce en réalité les mythes sur le viol omniprésents dans les institutions auxquelles les victimes sont confrontées (police, gendarmerie, justice). Découle d’une vision fausse et patriarcale des violences sexuelles. Ne permet pas de comprendre pourquoi ces violences sont genrées. Renforce la focalisation sur la victime plutôt que sur l’agresseur, et favorise l’impunité de ces derniers.

En effet, cette approche focalisée sur le consentement, outre qu’elle est très violente pour de nombreuses victimes, peut être moins efficace pour caractériser l’infraction que celle qui consiste à mettre au jour la stratégie utilisée par l’auteur présumé et le contexte inégalitaire ou coercitif. L’avocate Isabelle Thieuleux explique par exemple :

“La notion de consentement participe, en outre, à l’analyse du viol par “photographie”, c’est à dire l’appréhension du crime à l’instant précis de l’agression et de son contexte immédiat. Alors que la découverte du mode opératoire de l’agresseur impose de revenir en arrière, d’explorer ce qui se passe avant (même sur un temps court), de dérouler son élaboration, sa planification, sa maturation. Au lieu d’une photographie, c’est un véritable film qui se déroule devant nos yeux. Et qui démarre bien avant l’attaque.”

Les actes de l’auteur, ses stratagèmes, ou encore l’ascendant qu’il exerçait sur sa victime ont aussi l’avantage de pouvoir être matérialisés, contrairement au consentement ou au non-consentement.

Le CFCV est favorable à une loi basée uniquement sur les actes de l’agresseur et qui définit clairement les actes de coercition pouvant être exercés sur la victime

Il nous semble crucial de définir le crime de viol par les actes concrets commis par l’auteur, comme le fait actuellement la loi française. La jurisprudence française a permis de préciser et d’élargir l’interprétation des notions de violence, contrainte, menace et surprise afin de recouvrir toute la diversité des situations de viol.

Les partisan.es de l’introduction du consentement pour définir le viol prétendent que toute une série de situations ne seraient pas couvertes par le droit actuel : l’abus d’autorité, l’état d’inconscience ou de sidération de la victime ou encore l’emprise. Pourtant une étude approfondie de la jurisprudence montre qu’elles le sont déjà : c’est l’uniformisation des applications jurisprudentielles qui fait défaut. 

Comme le rappellent d’ailleurs les syndicats de magistrats français, la loi française actuelle suffit à couvrir les différents cas de figure.

Voici quelques exemples qui ont mené à des condamnations définitives pour viol ou agression sexuelle en France : 

  • L’abus d’un statut d’autorité ou d’un rapport de pouvoir
  • L’état d’inconscience ou de conscience altérée de la victime : victime endormie ou inconsciente, ivre ou sous l’emprise de stupéfiants, sous hypnose, souffrant de troubles psychologiques, affaiblies par une maladie…
  • L’état de sidération de la victime.
  • L’emprise psychologique.

L’écriture de la loi est donc globalement satisfaisante. Ce qui empêche la condamnation dans de nombreux cas, ce n’est pas le texte lui-même, mais tout un ensemble d’autres causes qui ont à voir notamment avec la culture du viol qui imprègne tous les milieux y compris les forces de l’ordre et la justice ainsi qu’avec le manque chronique de moyens de la justice

Cela ne veut pas dire que la loi française ne peut pas être améliorée. Nous suggérons qu’une réflexion soit entamée afin de préciser les critères de violence, menace, contrainte et surprise, sur la base de la jurisprudence, afin de favoriser une meilleure interprétation de la loi par les magistrats. 

En cela, nous partageons l’avis du Syndicat de la Magistrature, l’un des principaux syndicats français de magistrats : “En ce que le caractère flou des notions de violence, contrainte, menace ou surprise permet une interprétation large mais également à des appréciations formatées, voire stéréotypées, une modification de l’article 222-23 devrait – si elle était adoptée – surtout se donner comme objectif de mieux guider, voire de mieux encadrer les magistrats dans leur interprétation, afin de réduire la place laissée à leurs représentations subjectives.”

 

CONCLUSION

Pour conclure, la notion de consentement ne fait qu’appuyer la stratégie des agresseurs dans leur impunité.Elle ne coïncide pas avec les faits de la criminalité sexuelle, elle n’est pas utile à la répression des viols parce que la loi actuelle est suffisante. Elle se situe à contre courant d’un véritable progrès sur la répression des violences sexuelles.

Nous devons remettre le criminel au centre du crime. Dévoiler ses stratégies au grand jour. Mettre de la clarté là où il n’entretient que de la confusion. Remettre le violeur au centre du viol.

Violences Sexuelles dans l’Enfance

Vous avez été victime de violences sexuelles dans l’enfance
Vous vous posez des questions sur ce que vous avez vécu
Vous voulez aider une personne de votre entourage
Vous cherchez des conseils en tant que professionnel-le

Appelez le 0 805 802 804
Du lundi au vendredi, de 10h à 19h

Viols-Femmes-Informations

Vous avez été victime de violences sexuelles
Vous vous posez des questions sur ce que vous avez vécu
Vous voulez aider une personne de votre entourage
Vous cherchez des conseils en tant que professionnel-le

Appelez le 0 800 05 95 95
Du lundi au vendredi, de 10h à 19h

Pour les questions administratives

Appelez le 01 45 82 73 00

Mentions Légales

Politique de Confidentialité

Effacer les traces de votre passage

Si vous êtes victime de violences, nous vous conseillons de vous connectez en navigation privée.

Vous pouvez aussi effacer les traces de votre passage sur ce site.
Aller dans « Outils« 
Aller dans « Options Internet« 
Cliquer sur :
– « Supprimer les fichiers« 
– « Supprimer les cookies« 
– « Effacer l’historique« 

Interpellation des associations sur la proposition de loi n°819

Collectif abolition

Madame, Monsieur,

Le 21 janvier dernier, la proposition de loi n°819 a été déposée à l’Assemblée nationale. Elle vise à instaurer la résidence alternée par défaut pour les enfants en cas de désaccord entre les parents lors d’une séparation, dans l’objectif affiché de garantir des liens équilibrés avec chacun d’eux. Ensemble, nos associations rappellent que la priorité absolue doit être la protection des enfants et la prise en compte des violences dans toute décision judiciaire relative à la résidence. Cette proposition de loi ne permettrait pas de tenir compte des inégalités persistantes dans la répartition des tâches parentales, ni de prendre en considération les violences conjugales, intrafamiliales et incestueuses, qui restent des phénomènes de grande ampleur.

  • La proposition de loi ne tient pas compte des inégalités persistantes

Si l’intention de cette proposition est justifiée au nom de l’égalité parentale et d’une “coparentalité effective”, elle se heurte, en pratique, à une inégalité systémique : l’égalité formelle, introduite par la loi de 2002, ne se traduit toujours pas en véritable égalité réelle entre les parents. En réalité, la résidence principale des enfants est majoritairement accordée aux mères en conformité avec le souhait des parents. La décision du juge sur la résidence des enfants correspond à la demande des deux parents dans 83 % des cas de divorce. Dans les faits, seulement 1 père sur 5 demande la garde alternée. Être obligé par la loi ne fait pas un bon père. Une systématisation de la résidence alternée, imposée sans évaluation individuelle, pourrait avoir des conséquences graves sur le bien-être et l’épanouissement des enfants. Aujourd’hui, les dispositions légales en vigueur permettent déjà aux Juges aux Affaires Familiales de proposer la résidence alternée lorsqu’elle est adaptée. En cas de désaccord entre les parents, la proposition de loi n°819 ferait peser sur celui qui conteste ce mode de garde, la charge de prouver qu’il est contraire à l’intérêt de l’enfant. Ce renversement de la charge de la preuve est non seulement dangereux, mais il va à l’encontre du principe même qu’il prétend défendre : l’intérêt supérieur de l’enfant. Il est nécessaire que les juges puissent continuer à se prononcer au cas par cas, en tenant compte de l’ensemble des paramètres et des spécificités de chaque situation. La systématisation d’un tel régime ferait primer les droits parentaux sur les besoins fondamentaux des enfants. Elle véhiculerait également une vision réductrice de la famille centrée sur la présence du père, tout en stigmatisant les familles monoparentales et homoparentales.

  • Mise en danger des victimes de violences

Cette obligation met directement en danger les femmes et les enfants victimes de violences conjugales, intrafamiliales et incestueuses. Il est essentiel d’exclure dans tous les cas la possibilité d’une résidence alternée ou d’une résidence principale des enfants chez un parent violent. Or, la proposition de loi n°819 ne prévoit aucune disposition en ce sens. Nous considérons que cette mesure représente un danger majeur. Maintenir un lien parental par principe, en cas de violences incestueuses, revient à ignorer les traumatismes spécifiques des enfants victimes, à nier leur parole et à prolonger l’emprise de l’agresseur. Aujourd’hui encore, de nombreux enfants sont contraints de côtoyer leur agresseur dans le cadre de droits de visite imposés, au nom d’une coparentalité déconnectée de la réalité des violences. En généralisant la garde alternée, cette proposition accroît les risques de revictimisation, d’invisibilisation des violences sexuelles et de maintien de l’impunité. Les violences intrafamiliales, et plus encore l’inceste, constituent des motifs graves justifiant la suppression immédiate de tout contact entre un enfant et un parent violent. Aucun enfant ne devrait être contraint d’entretenir une relation avec un parent présumé agresseur, un lien déjà rompu par le crime d’inceste. En cohérence avec les recommandations de la CIIVISE, nous appelons à un rejet clair et ferme de cette proposition qui nie la réalité des violences sexuelles et intrafamiliales, et fait primer les droits parentaux sur la sécurité et la parole des victimes. Dès lors, ce texte de loi ne répond pas à son objectif affiché de garantir l’intérêt supérieur des enfants. Au contraire, il risquerait d’exacerber les inégalités entre les parents et de mettre en danger les femmes et les enfants victimes de violences. Nous nous tenons à votre disposition pour toute information complémentaire concernant leurs argumentaires respectifs.

Nous vous prions de recevoir, Madame, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées.

 

Associations signataires :
La Fédération nationale Solidarité Femmes
Face à l’inceste
#NousToutes
Collectif Féministe Contre le Viol
Le planning familial
La Fédération national des CIDFF
La Clef
L’Amicale du Nid
Femmes Solidaires
Parents & Féministes
Osez le féminisme
Caméléon

Violences Sexuelles dans l’Enfance

Vous avez été victime de violences sexuelles dans l’enfance
Vous vous posez des questions sur ce que vous avez vécu
Vous voulez aider une personne de votre entourage
Vous cherchez des conseils en tant que professionnel-le

Appelez le 0 805 802 804
Du lundi au vendredi, de 10h à 19h

Viols-Femmes-Informations

Vous avez été victime de violences sexuelles
Vous vous posez des questions sur ce que vous avez vécu
Vous voulez aider une personne de votre entourage
Vous cherchez des conseils en tant que professionnel-le

Appelez le 0 800 05 95 95
Du lundi au vendredi, de 10h à 19h

Pour les questions administratives

Appelez le 01 45 82 73 00

Mentions Légales

Politique de Confidentialité

Effacer les traces de votre passage

Si vous êtes victime de violences, nous vous conseillons de vous connectez en navigation privée.

Vous pouvez aussi effacer les traces de votre passage sur ce site.
Aller dans « Outils« 
Aller dans « Options Internet« 
Cliquer sur :
– « Supprimer les fichiers« 
– « Supprimer les cookies« 
– « Effacer l’historique« 

Recherche de la CIIVISE – Témoignages de victimes de violences sexuelles (16-21 ans)

Appel à témoignages

Dans le cadre d’une recherche, la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles dans l’Enfance souhaite entendre des jeunes entre 16 et 21 ans qui ont vécu des violences sexuelles au sein de leur famille.

 

 

Si vous le souhaitez, vous pouvez participer à la recherche, raconter votre vécu et partager vos réflexions sur ce que vous vivez suite à la révélation des faits. Tout sera anonyme.

 

Pour plus d’informations, appelez le 0 805 804 802.

 

Ce numéro est également joignable pour toute autre demande. Nous pouvons vous aider, vous n’êtes pas seul.e.

Appelez-nous au 0 805 802 804

Après un viol, parler c’est commencer à se reconstruire

Pour les personnes qui souhaitent témoigner
vous pouvez appeler sur le 0 805 802 804 Viols-Femmes-Informations
un numéro national anonyme et gratuit, du lundi au vendredi, de 10h à 19h.

Viols Femmes Informations
0 800 05 95 95

Anonyme et gratuit, y compris depuis les portables
Du lundi au vendredi, de 10h à 19h

Violences Sexuelles dans l’Enfance
0 805 802 804

Anonyme et gratuit, y compris depuis les portables
Du lundi au vendredi, de 10h à 19h

Collectif Abolition – collectif mobilisé pour l’abolition du système prostitueur et pour la défense des droits des victimes majeures et mineures

Collectif abolition

 

 

Le mois d’avril 2025 est celui du 9ème anniversaire de la loi n° 2016-444 du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées dite loi « loi Olivier-Coutelle [1], reconnue comme un modèle, à travers le monde, par de nombreuses associations féministes et autres ONG de défense des droits fondamentaux mais aussi par les survivantes de la prostitution.

A cette occasion, le collectif Abolition, qui regroupe actuellement 30 réseaux associatifs, collectifs ou associations, a décidé, de relancer et de renforcer ses actions de plaidoyer commun :

– de promotion et de développement de la loi abolitionniste, y compris sur le plan international et de plaidoyer en faveur de son application pleine et entière ; 

–   de défense des politiques abolitionnistes du système prostitutionnel et de lutte contre toute forme de marchandisation des femmes (prostitution, traite, « assistance sexuelle » aux personnes en situation de handicap, pornographie, exploitation reproductive/GPA). Le collectif apporte ainsi son total soutien aux victimes de l’affaire French Bukkake, dans toutes les procédures qu’elles ont engagées.

 

Le collectif Abolition rappelle que :

– la prostitution est une des formes extrêmes de violence sexiste et en particulier sexuelle,

– dans leur très grande majorité les victimes sont des femmes et des filles

 

Le collectif Abolition soutient les associations membres qui accompagnent les victimes du système prostitutionnel et demandent l’application de cette loi sur le terrain. Le rapport FACT-S, dont la publication est prévue le 29 avril, et qu’elles réalisent, en sera un indicateur pertinent.

La loi abolitionniste de 2016 est celle de la République française, elle est soutenue par le Ministère chargé de l’Egalité entre les Femmes et les Hommes et de la lutte contre les discriminations.

Or les obstacles auxquels sont confrontées les victimes sont nombreux, en particulier les femmes migrantes, exilées, étrangères, victimes de prostitution du fait des conflits, de leur parcours migratoire, et de réseaux de traite des êtres humains à visée d’exploitation sexuelle.

En France, elles se heurtent trop souvent à l’impossibilité d’intégrer un parcours de sortie de prostitution, du fait des freins de certaines préfectures pour l’obtention de leur titre de séjour. Pourtant, le nombre de dossiers présenté est limité, alors que le nombre de victimes se compte en dizaines de milliers.

Le collectif Abolition dénonce cette aberration, contraire à l’esprit de la loi.

De même, comme la MIPROF l’indique dans son dernier rapport, publié il y a quelques jours, la prostitution des mineures est en constante augmentation, avec la captation par les proxénètes de jeunes fragilisé.es, déjà traumatisé.es dans leur enfance par d’autres formes de violences sexuelles et par la glamourisation de la prostitution véhiculée sur les réseaux sociaux.

Le collectif rappelle qu’il existe un continuum mineur.e majeur.e dans la prostitution, insiste sur la nécessité de la prévention auprès des jeunes, notamment dans les établissements scolaires, et réclame :

  • des campagnes de communication pour mieux faire connaître la loi
  • que soient sanctionnées sévèrement les personnes ayant recours à la prostitution de mineur·es conformément à la loi du 21 avril 2021 « visant à protéger les mineur·es de crimes et délits sexuels et de l’inceste » [1]
  • ainsi que l’achat d’actes sexuels à des personnes majeures en application de la loi de 2016.

 

Contact : collectifabolitionxxi@gmail.com                  Tel : 06 64 43 10 13

 

[1] Concernant les mineur.es de moins de 15 ans et en cas d’inceste de moins de 18 ans

[1] https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFSCTA000032396052

Violences Sexuelles dans l’Enfance

Vous avez été victime de violences sexuelles dans l’enfance
Vous vous posez des questions sur ce que vous avez vécu
Vous voulez aider une personne de votre entourage
Vous cherchez des conseils en tant que professionnel-le

Appelez le 0 805 802 804
Du lundi au vendredi, de 10h à 19h

Viols-Femmes-Informations

Vous avez été victime de violences sexuelles
Vous vous posez des questions sur ce que vous avez vécu
Vous voulez aider une personne de votre entourage
Vous cherchez des conseils en tant que professionnel-le

Appelez le 0 800 05 95 95
Du lundi au vendredi, de 10h à 19h

Pour les questions administratives

Appelez le 01 45 82 73 00

Mentions Légales

Politique de Confidentialité

Effacer les traces de votre passage

Si vous êtes victime de violences, nous vous conseillons de vous connectez en navigation privée.

Vous pouvez aussi effacer les traces de votre passage sur ce site.
Aller dans « Outils« 
Aller dans « Options Internet« 
Cliquer sur :
– « Supprimer les fichiers« 
– « Supprimer les cookies« 
– « Effacer l’historique« 

Violences sexuelles : la faillite et la dangerosité de l’Ordre des médecins sont confirmées Retirons-lui tout pouvoir

Ordre des médecins

   Les responsabilités de l’Ordre des médecins dans les crimes sexuels perpétrés par le pédocriminel Joël Le Scouarnec vont être examinées ce lundi 19 mai par la Cour criminelle de Vannes.

Un enjeu fondamental de ce procès est que les victimes, et tout particulièrement les enfants, soient désormais écoutées et protégées au mieux de toutes les violences.

Cette affaire ne doit pas être considérée comme un horrible fait divers du passé, mais comme le révélateur des violences sexuelles ancrées dans toute notre société. Toutes les coresponsabilités institutionnelles expliquant qu’un pédocriminel ait pu commettre ses actes sur un tel nombre de mineur·es pendant plus de 30 ans doivent être analysées.

Avec l’éclairage des éléments déjà révélés, la faillite de l’Ordre des médecins est majeure :
– Le Conseil départemental de l’Ordre des médecins du Finistère avait connaissance de la condamnation du Tribunal correctionnel de Vannes de novembre 2005 et du signalement accablant du Dr Thierry Bonvalot de juin 20061. Il a néanmoins décidé à l’unanimité en décembre 2006 de ne rien faire, après avoir eu un entretien avec Joël Le Scouarnec.
– Par la suite, plusieurs Conseils départementaux de l’Ordre auraient pu intervenir, ils sont eux aussi restés silencieux.
– De son côté, le Conseil national de l’Ordre a affirmé ne rien savoir, pour revenir très récemment sur ses déclarations mensongères dans son communiqué de presse du 4 mars 2025, où il a avoué connaître le dossier de Joël Le Scouarnec depuis 2008 (2). .

Aujourd’hui partie civile dans le procès Le Scouarnec, l’Ordre des médecins s’estime donc victime et pourrait ainsi prétendre à réparation d’un éventuel préjudice. Il s’agit là pour l’ordre d’inverser la charge de la responsabilité, comme lors des procédures-bâillons (3)

L’ordre n’est pas victime. Il est coupable :
Coupable dans l’affaire Le Scouarnec d’avoir ignoré les alertes, et ce à tous les niveaux de la hiérarchie ordinale, mettant ainsi en danger durablement la santé physique et psychique de centaines de mineur·es.
– Coupable au-delà de cette affaire de protéger d’autres agresseurs sexuels et violeurs.
– Coupable de créer ainsi un climat d’impunité totale et une culture professionnelle de l’omerta
– Coupable de silencier les victimes en leur imposant ainsi de nouvelles violences, via cette juridiction d’exception inadaptée et inefficace.
– Coupable de maintenir et générer un système agresseur avec des victimes dans 3 espaces :
patient·es, étudiant-·s, professionnel·les.

Et cela est d’autant plus grave que le pouvoir médical s’exerce face à des personnes vulnérabilisées par leurs maladies, leurs souffrances. Nous pouvons voir ici un parallèle avec ce qui a été dénoncé dans l’église catholique, qui elle aussi utilise des arguments du secret (non pas médical mais de la confession) pour protéger et maintenir dans leur position dominante et de pouvoir des agresseurs sexuels.
Si rien ne change, cela va se reproduire.

C’est pourquoi nous revendiquons :

Une commission d’enquête indépendante sur les violences sexuelles commises dans le cadre d’un exercice médical, comme il y en a eu une pour l’église catholique, et ce envers les 3 champs de victimes susnommés et analyser les faillites institutionnelles contribuant à ces violences.
La suppression par la loi de tout pouvoir de juridiction à l’Ordre des médecins qui n’a ni moyen ni compétence pour mener des investigations. Il s’avère incapable de protéger les victimes, qui n’ont donc aucun intérêt à y recourir et il protège les agresseurs.
L’interdiction de l’exercice à tout·e professionel·le de santé condamné·e pour des délits ou crimes en terme de violences sexistes et sexuelles. Et l’application de l’article L.4113-14 du Code de la santé publique permettant la suspension par principe de précaution (4).
L’obligation pour les médecins de signaler les mineur·es victimes de violences sexuelles doit être affirmée par la loi (5).
Une enquête approfondie sur toutes les responsabilités institutionnelles mises en lumière par cette affaire. Les plaintes des associations La voix de l’enfant et Face à l’inceste, pour mise en danger d’autrui, doivent être reçues, instruites et donner lieu à un procès public (6).

Levons-nous et mobilisons-nous ensemble jusqu’à ce que nous soyons entendu·es.

Nous appelons à un rassemblement le 19 mai 2025 à partir de 10h (heure avancée), devant le Tribunal judiciaire de Vannes.

Des parties civiles du procès interpelleront et prendront la parole.

Rejoignez-nous pour une mobilisation le 24 mai 2025 à 14 heures à Vannes (Place des Lices).
Et pour la Marche pour l’Enfance et la Jeunesse le 24 mai à Paris à 14 heures (Place de la République) et à Nice à 14 heures, (Place Masséna), et le 28 mai à 14 heures à Metz (Place de la République).

  • Sources :
  • 1) https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/charente-maritime/la-rochelle/proces-le-scouarnec- deux-jours-d-audience-seront-consacres-aux-faits-commis-a-l-hopital-de-jonzac-3112363.html
    2) Communiqué de presse du Conseil national de l’Ordre des médecins du 4 mars 2025 : https://www.conseil-national.medecin.fr/publications/communiques-presse/proces-joel-scouarnec-0
    3)Lutte contre les procédures-bâillons de février 2025 : https://www.cncdh.fr/publications/avis-sur-la-lutte-contre-les-procedure-baillons-2025-2
    4)https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000036515559
    5)Rapport public de la CIIVISE publié en novembre 2023 : https://www.ciivise.fr/le-rapport-public-de-2023
    6)Plainte des associations La Voix de l’enfant de 2023 et Face à l’inceste de 2022 : https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/affaire-le-scouarnec-deux-plaintes-contre-x-deposees-notamment-pour-mise-en-danger-d-autrui-4813832

 

  • Premières organisations signataires :
    Mouvement d’Insoumission aux Ordres Professionnels
    Pour Une Médecine Engagée Unie et Féministe
    Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes
    Syndicat de la Médecine Générale
    G58
    Stop VOG
    CGT ComÉgaMix Vannes
    Union Syndicales Solidaires
    Attac Pays de Vannes
    On veut du soleil
    Association Mémoire traumatique et victimologie
    Observatoire féministe des violences médicales
    Collectif National pour les Droits des Femmes
    Collectif Pour une santé engagée et solidaire
    Collectif National du Droits des Femmes
    Mouv’Enfants
    Nous Toutes Vannes
    Sud Santé Sociaux

Violences Sexuelles dans l’Enfance

Vous avez été victime de violences sexuelles dans l’enfance
Vous vous posez des questions sur ce que vous avez vécu
Vous voulez aider une personne de votre entourage
Vous cherchez des conseils en tant que professionnel-le

Appelez le 0 805 802 804
Du lundi au vendredi, de 10h à 19h

Viols-Femmes-Informations

Vous avez été victime de violences sexuelles
Vous vous posez des questions sur ce que vous avez vécu
Vous voulez aider une personne de votre entourage
Vous cherchez des conseils en tant que professionnel-le

Appelez le 0 800 05 95 95
Du lundi au vendredi, de 10h à 19h

Pour les questions administratives

Appelez le 01 45 82 73 00

Mentions Légales

Politique de Confidentialité

Effacer les traces de votre passage

Si vous êtes victime de violences, nous vous conseillons de vous connectez en navigation privée.

Vous pouvez aussi effacer les traces de votre passage sur ce site.
Aller dans « Outils« 
Aller dans « Options Internet« 
Cliquer sur :
– « Supprimer les fichiers« 
– « Supprimer les cookies« 
– « Effacer l’historique«